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Le jour où Jessica Long a fait son baptême paralympique, en septembre 2004, l’Américaine n’avait que 12 ans. La scène avait pour décor Athènes, en Grèce, berceau de l’olympisme. L’adolescente avait commencé la natation seulement deux ans auparavant, mais elle avait déjà une mission chevillée au corps. « Beaucoup de gens ne comprenaient pas à quel point les Jeux paralympiques étaient incroyables, a raconté l’athlète, lors d’une conférence de presse, au lendemain de la cérémonie d’ouverture de ses sixièmes Jeux, le 29 août à Paris. Je me souviens m’être dit que j’allais changer cela et essayer à ma manière de faire grandir le mouvement paralympique. »
Vingt ans plus tard, Jessica Long en est devenue une figure emblématique. Mercredi 4 septembre, dans le bassin de Paris La Défense Arena, la sportive de 32 ans a remporté sa 30e médaille, la 17e en or, sur 400 m nage libre dans la catégorie S8 – destinée aux nageurs présentant un handicap sévère des membres inférieurs ou d’un membre supérieur. Avec un temps de 4 min 48 s 74, elle a devancé la Britannique Alice Tai (4 min 52 s 24) et l’Italienne Xenia Francesca Palazzo (5 min 00 s 13).
« Je n’ai jamais été douée pour écouter les gens. J’ai toujours l’impression qu’ils me disent ce que je ne peux pas faire (…), relate-t-elle dans son autobiographie, Unsinkable (« Insubmersible », éditions HarperCollins, non traduit), parue en 2018. Moi, je veux entendre ce que je “peux” faire. »
En février 2021, pendant le Super Bowl, la finale du championnat de football américain, ses concitoyens ont (re)découvert son histoire dans une publicité diffusée par un de ses nombreux sponsors. Née en Sibérie orientale (Russie) avec une hémimélie fibulaire, une malformation congénitale la privant de péronés, elle est abandonnée par ses jeunes parents. Un couple d’Américains du Maryland l’adopte à l’âge de 13 mois, après un an passé dans un orphelinat. Tatiana Kirillova devient Jessica Long. Après vingt-cinq opérations, la fillette est finalement amputée des deux jambes, à 1 an et demi.
Dans l’eau, impossible pour la nageuse de pousser sur le mur. Alors, pour compenser, elle met « une tonne de pression et de rotation sur ses bras ». L’Américaine a toujours affiché le visage de la détermination. Elle en veut pour preuve une anecdote familiale remontant aux sélections américaines pour les Jeux d’Athènes. « Mon père me préparait à l’éventualité que je ne me qualifie pas. Il me disait que j’étais jeune (…), que j’aurais tout le temps de m’entraîner pour les Jeux suivants, révèle-t-elle dans son livre. J’avais 12 ans, je l’ai regardé droit dans les yeux et je lui ai dit : “Je vais faire partie de l’équipe. Je sais que je vais y arriver.” Et de fait, ils m’ont appelée. » Elle devient la plus jeune athlète de l’équipe paralympique des Etats-Unis de tous les temps, tous sports confondus.
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